J'invite ceux qui ont un train, un taxi, un Uber ou un jet à prendre à se référer à mon profil LinkedIn (rubrique Info). Le "tour du propriétaire" pourra s'opérer en moins d'une minute. Les autres sont conviés à lire ce qui suit.
Christian Bobin a écrit "Autoportrait au radiateur". J'ai commis une présentation de mon activité professionnelle et artistique qui se rapproche d'un "Autoportrait en innovateur". Il peut paraître étrange de rapprocher ces deux textes, à moins que ...
Mon nom est Jean-Pierre TEXIER. Mon cheminement vers l’innovation commence avec … ! Avouons-le, j’ai du mal à mémoriser la toute première pierre à l’édifice. Car de nombreux petits cailloux sont déjà disséminés dans le temps et l’espace de l’enfance. Je me souviens avoir bricolé un distributeur automatique de bonbons constitué avec une boîte à chaussures et des bouts de ficelle. Un appareil actionné par l’introduction de pièces en chocolat. D’emblée l’innovation se manifestait dans un rapport entre un objet-de-savoir et un objet-de-saveur. Rapport que je continue d’affirmer pertinent, bien des années après.
De fil en aiguille, je me suis retrouvé face à la nécessité d’innover dans des domaines extrêmement variés.
Dans ma première première période de travail effectuée avant mes obligations militaires - un temps que les moins de quarante ans n’ont pas eu à connaître ! - j’ai conçu un banc de test pour les
flashs BALCAR, matériel à l’usage de photographes professionnels. L’idée était d’optimiser le nombre de points de contrôle en se référant à un process « inventé de toute pièces » que
j’avais nommé méthode OSIRIS (Objectif-SImulation-RIsque-Statistique), une méthode d’analyse des risques fondée sur l’identification statistique des points critiques et des opérations de
prévention.
Intégrant le service informatique de la RATP dans les années 90, j’ai piloté des projets nécessitant une expertise technique pointue et une bonne aptitude à l’animation d’équipe (projets
d'ingénierie mobilisant plusieurs dizaines d’années-homme). Il s’agissait en particulier de la première GMA0 du matériel roulant ferroviaire (un puzzle d’un million de pièces associées aux trains
circulant sur les lignes de métro et de RER) ou de la première mise en réseau des systèmes de gestion des dépôts d’autobus (10 000 utilisateurs, une échelle peu commune à l'époque).
A l’aube des années 2000, j’ai officié à la conception du Réseau des Bureaux de Voisinage, ancêtres des espaces de coworking. Une aventure riche en enseignements mais qui a tourné court du fait
de l’abandon du projet par le Conseil régional d’Ile-de-France.
S’en est suivie une période dédiée à l’innovation de services qui m’a conduit à être rattaché à la Présidence de la RATP et à contribuer à doter la pédagogie d'une nouvelle « branche ».
En l’occurrence, la pédagogie de la mobilité dont l’axiomatique se résume toute entière dans la formule chère à Georges Amar : « on ne naît pas mobile, on le devient ».
Dans ce cadre, j’ai eu l'opportunité de développer les « Ateliers mobilité », la série « Accessible ensemble », films d’animation lauréats de nombreux concours de communication d’entreprise ainsi que l'"Atlas sonore", premier système opérationnel de guidage indoor sans balises.
L’occasion m’a été donnée en 2015 d’assurer la webdiffusion en direct du concert de musique contemporaine de Patrick Moullet programmé dans l’écrin de la Sainte-Chapelle du Château de Vincennes, projet culturel parrainé par Cédric Villani.
Cette expérience m’a conduit alors à la création de la plate forme voxonweb.com centrée sur la communication événementielle.
Son slogan « vivifiez votre vie numérique ! » n’est pas le fruit du hasard. Dissimulé sous l’apparence du banal, je trouve le verbe « vivifier » tout à fait inspirant :
il nous assigne à la tâche de redoubler d’attention, nous encourage à rendre notre vie vivante.
Parallèlement à ces différents travaux, j’ai créé une maison micro d’édition (La BibliotheK Sauvage) agrémentée d’une revue consacrée à l’étude et à la mise en valeur de l’éclectisme (maintenant,
vous avez une petite idée de sa justification).
J’ai également poursuivi des activités théâtrales initiées en 2001 avec la création d’un spectacle intitulé « Cinq légendes ».
Une petite entreprise conçue autour de cinq photographies de Pierre Dominique Brunet. Cela s’est traduit par la mobilisation d’un compositeur, de deux instrumentistes, d’un traducteur, d’un couple de designers, d’une vidéaste et de deux comédiens.
Ici, l’innovation consistait en une création polyphonique résultant du dialogue entre les images et les textes, entre la partition pour deux violoncelles et le récitatif. Les différentes « légendes » furent énoncées en français et en anglais, les récitants disposant d’un lutrin spécifiquement conçu pour l’occasion.
Sur le moment, j’avais noté : « Alors que les lutrins connus ou recensés sont par nature rigides, celui-ci ne l’est pas, sans que d’aucune manière soit altérée la fonction de ce dispositif. Bien au contraire, car ce lutrin-ci, bien que soumis à un régime d’oscillations pendulaires, remplit parfaitement son rôle, s’ajustant dynamiquement à la lecture en position debout, assise ou couchée. Cela permet aux comédiens d’adopter des postures divertissantes, facétieuses ou vagabondes … ».
Je suis et demeure un praticien et un militant de l’innovation. Je considère que l’innovation correspond à la tentative de l’humanité de répondre au principe d’évolution, au sens darwinien du
terme. L’innovation est la petite sœur de l’imagination. Le rêve enfante de la cosmogonie, le télescope autorise le développement de la cosmologie. Constamment, l’errance a rendez-vous avec
l’erreur. C’est dans ce cadre - miroir de notre fragilité - que se crée l’immensité du monde.
Dans ma longue « carrière » d’innovateur, j’ai été confronté à de multiples reprises à ce réflexe universel, bien que nulle part enregistré, ni recensé, qui consiste à rejeter tout de
go une proposition, une hypothèse de travail et qui se traduit par une réplique du genre « Puisque cela n’existe pas, ça ne sert à rien. Vous en convenez, n'est-ce pas ? ».
Je laisse le soin au lecteur de méditer sur cette posture de dédain, ce rejet de l’inattendu, cette arnaque métaphysique, ce revers de la main qui fixe le monde dans un état de finitude,
autrement dit de destruction puisque tout périt si la moindre des choses n’est pas renouvelée.
Cette façon d’entrevoir le territoire de l’innovation - champ de bataille contre ceux qui n'éprouvent pas une certaine nostalgie du futur - m’a conduit, il y a quelques années, à diriger deux
ouvrages collectifs. Le premier est intitulé « Innovation et retournement », le second « Le corps innovant ».
Ce travail fut réalisé avec des étudiants de l’ESIEE Paris qui ont trouvé un large spectre d’illustrations auxquelles je pense souvent lorsque, mû par cette irrésistible occupation - changer le
monde - je réalise, avec bonheur, qu’il y a bien d’autres militants, bien d’autres praticiens.
Je considère l'innovation non pas comme une compétence jalousement gardée, mais comme une façon de traverser l'existence en tentant de convertir chaque obstacle en un tremplin.
Un tremplin pour aller de l'avant. Mieux, pour "haler de l'avant" avec la complicité d'interprètes, de traducteurs, d'ingénieurs et d'ingénieurs du son associés à l'ambition de proposer une offre de service utile et séduisante.